Direction le Portugal pour une aventure en Renault Zoé – Championnat du mode Eco-Rallye

 Participer à un championnat du monde FIA avec une Renault Zoé des plus classiques parmi plus de 30 concurrents vous semble improbable ? Voici notre aventure à la manche Portugaise du championnat FIA d’éco Rallye à bord de la Renault Zoé affublée du numéro 33…

 


Les championnats que propose la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile) sont nombreux et divers et certains sont encore peu connus. Evidemment tout le monde connaît la Formule 1, le WRC (championnat rallye) ou encore le WEC (championnat d’endurance) et pourtant il existe d’autres championnats qui parfois peuvent sembler improbables.

C’est le cas du FIA Eco-R pour FIA Eco Rally Cup, une compétition européenne ouverte aux voitures électriques de série et fonctionnant sur le principe d’un rallye de régularité. Si le rallye de vitesse est la discipline la plus connue, il existe également le rallye de régularité. C’est la formule majoritairement utilisée pour les rallyes historiques tels que le Dakar classique ou encore le Tour Auto. L’objectif est simple, il n’y a pas un temps à battre mais un temps de parcours à respecter. C’est ici la vitesse moyenne qui est primordiale avec des multiples changements pendant une spéciale.

Si la chose paraît ennuyeuse aux premiers abords, elle se révèle plutôt excitante car il y a un véritable challenge à devoir respecter certaines vitesses sur des routes sinueuses, des pistes en terre le tout sans se perdre. Car tout ceci se passe sur route ouverte. Vous êtes maintenant au fait de la discipline et place au récit de la voiture Mininches !


 


Direction le Portugal pour une grande première

Je me demande encore comment j’ai pu découvrir ce championnat en 2020 suite à un bouche à oreille. Deux ans plus tard me voici au départ de la troisième manche d’éco rally cup 2022 de la FIA au Portugal. Notre voiture Mininches n’est autre qu’une Renault Zoé R135 noire, arborant fièrement le numéro 33. Je tenais par ailleurs à remercier Renault Portugal pour nous avoir soutenu dans notre participation.

Avant de débarquer au Portugal, nous nous sommes préparés avec l’aide d’un champion de la catégorie. Notre équipage possède pour ce rallye un équipement embarqué, un cadenceur exactement. Ce dernier est capable de nous dire si nous respectons le temps de la spéciale, ce qui est une nécessité pour viser le haut du classement. Néanmoins nous devons apprendre à l’utiliser et la chose peut s’annoncer compliqué.

Le contrôle administratif passé, place aux vérifications techniques et à la découverte des autres équipages. Ces vérifications sont plutôt rapides pour les 34 concurrents, majoritairement venus du Portugal, car toutes les voitures sont de série ! Néanmoins les meilleurs équipages, spécialistes de la discipline ont des véhicules bardés de capteurs et certains éléments ne sont pas laissés sans détail comme la pression des pneus. Nous récupérons nos numéros et il est temps de réaliser le stickage de notre voiture noire. Maintenant les choses sérieuses peuvent commencer !


 

 


Premier roadbook, premiers tours de pistes

Si un rallye classique a lieu sur des routes fermées, ce n’est pas le cas de ce championnat qui prend part sur des routes ouvertes (comme le Tour Auto par exemple). Cette épreuve est également une épreuve de navigation et il est donc nécessaire de trouver son chemin pour arriver à destination. Avec de nombreux pièges, le roadbook est souvent redouté par le co-pilote qui possède dans cette épreuve un rôle vital.

Romain, mon co-pilote récupère le roadbook de la première journée une heure avant le départ. Cela dans l’objectif de limiter au maximum les reconnaissances ou encore les programmations GPS. Attention à ne pas se perdre pendant une spéciale !


En pleine découverte du roadbook ! 


Nous quittons Oeiras, lieu du Parc-Fermé en direction du circuit d'Estoril pour débuter ce rallye avec trois tours de circuit à effectuer à trois reprises. Les choses commencent en douceur avec une vitesse moyenne de 50 Km/h pour les premiers passages. Cela se compliquera par la suite avec une vitesse à rechercher de 55 puis 60 Km/h.

Cette plongée dans le grand bain est plutôt difficile pour nous, principalement concernant la programmation de nos appareils d’instrumentation. Nous avons en effet plusieurs secondes d’écart sur certains points de contrôle et il nous faut dans un premier temps comprendre cet écart ! Si les vitesses demandées paraissent dérisoires par rapport à des compétitions de vitesse, il faut comprendre que l'objectif reste d'être au plus proche de cette vitesse moyenne, même dans les virages les plus serrés et cela avec une voiture de série ! 



 


A la fin de cette première après-midi de course, nous avons déjà réalisé cinq spéciales de régularité dont trois sur le circuit d'Estoril et deux courtes spéciales sur des routes étroites autour du circuit. C'est une réelle découverte pour moi et Romain et pour le moment nous commençons tout juste à prendre nos marques dans la Renault Zoé et avec le fonctionnement de l'épreuve. 


Les difficultés de la nuit

Ce championnat est né de la volonté de la FIA de promouvoir les nouvelles énergies dans le milieu du sport automobile et particulièrement le développement du véhicule électrique. Avec un couple immédiat, les spéciales peuvent s’avaler plus rapidement qu’avec certaines voitures de rallye historique (qui possède le même règlement de régularité en compétition). 

La protection de l’environnement est un élément important du championnat qui inscrit d’ailleurs cette thématique dans son règlement. Un premier pas dans le monde du sport auto de demain !

Pour la fin de cette première journée, place à deux spéciales redoutées de nuit dans un massif montagneux. Nous rencontrons ici nos premières difficultés avec un rythme soutenu à tenir, le tout avec une instrumentation et un règlement que nous ne maitrisons pas encore. A l’arrivée les deux spéciales sont à oublier, d'autant plus que nous avons pris un retard sur une des liaisons ! Si une journée comporte cinq spéciales pour environ 100 Km de zone de régularité, les liaisons occupent le reste de la journée et sont parfois longues ! Une journée classique s'accommode d'un départ avant 8h du Parc-Fermé et d'un retour vers 21h. 


Des routes forestières sinueuses ponctuent notre soirée ! 

 

A l’assaut des villages escarpés



La nuit a été courte de notre côté avec une arrivée au parc fermé à presque 23h30 et le départ de la seconde journée dès 10h. Ce samedi est un nouveau jour, avec un nouveau roadbook qui présente de nombreuses spéciales de navigation. Notre objectif du jour est d'être plus à l'aise dans les spéciales, d'éviter les erreurs de navigation et évidemment se rapprocher de la tête du classement sur les étapes ! 

Nous prenons pour cette deuxième journée la direction de Mafra à une quarantaine de kilomètres au nord de Lisbonne pour cinq spéciales. Nous répétons dans la matinée deux passages sur une spéciale complexe avec des passages étroits et avec un kilomètre de chemin sans bitume. Ce dernier doit s'enfiler à une vitesse moyenne de 35 Km/h ! Le reste de cette "SS" comporte de nombreuses routes étroites et de nombreux changements de direction. Pour limiter le risque de rencontrer un véhicule sur notre chemin, la police est postée aux principaux changements de direction. 


 


Un Eco-Rally est également l'occasion de pouvoir découvrir du pays ! Pour cette cinquième édition du Oeiras Ecorally, l'organisateur nous propose pour cette deuxième journée la découverte de Mafra le temps d'un repas. Une occasion pour les municipalités visitées de faire la promotion de leurs investissements dans les infrastructures électriques et les nouvelles mobilités. 

 

Notre apprentissage continu et au fur et à mesure de la journée nous prenons nos marques, sans nous perdre et avec peu de points de pénalité. De quoi terminer aux portes du Top 10 sur le seul classement de ce jour. Un seconde journée où nous avons pris beaucoup de plaisir et qui marque déjà la fin du classement FIA du rallye, en effet le dernier jour comporte uniquement une Street Stage hors classement ! 


Le parc fermé pendant la pause du midi à Mafra

 

Est-il possible de recharger sa voiture à domicile ? 

Les deux entreprises ChargeGuru et ZePlug nous accompagnent cette année pour notre engagement sur la FIA Eco-Rally Cup. Qui dit véhicule électrique, dit en effet la possibilité de pouvoir le recharger directement à son domicile, à son entreprise ou encore lors d'un arrêt dans un hôtel. 

  • ZePlug

Créé en 2014, Zeplug est aujourd'hui le leader de la recharge pour véhicule électrique en copropriétés et en entreprises, avec une solution validée dans plus de 5000 copropriétés partout en France et plus de 5000 en cours de validation. Plus d'informations ICI.

 

  • ChargeGuru

Spécialiste de la recharge des véhicules électriques, ChargeGuru déploie une offre 360° pour les entreprises et les particuliers. L'entreprise accompagnent les clients tout au long de leur projet d’installation de bornes de recharge pour leur permettre de passer à la mobilité électrique en toute sérénité.  Plus d'informations ICI.


 


Comment fonctionne un rallye de régularité ?


 


L’objectif d'un rallye de régularité consiste à terminer l’intégralité du parcours (zone de régularité (ZR ou SS en anglais) + liaison) avec le minimum de points de pénalité. Le rallye possède de nombreuses zones de régularité, des spéciales en soit, sur son parcours. On en trouve environ cinq par journée. Sur ces dernières, l'organisateur va contrôler grâce à des points GPS secrets notre temps de spéciale par rapport au temps idéal que nous devons rechercher. Pour chaque contrôle GPS, ce barème est appliqué : 

  • 1 seconde d’avance = 2 points de pénalité
  • 1 seconde de retard = 1 point de pénalité

L’organisation équipe notre voiture de deux boitiers GPS et l’intégralité du rallye comporte 350 points de contrôles GPS répartis sur les différentes spéciales!  



Evidemment dans le véhicule nous ne sortons pas les calculatrices pour respecter au mieux les informations que nous fixe l'organisateur. Dans chaque voiture on retrouve des solutions pour tenir ces variations de vitesse moyenne, certains utilisent des applications, d’autres des tables de calculs et certaines comme nous, possèdent des appareils embarqués.

Chez les équipages jouant le championnat, les câbles s'emmêlent au vu du nombre de dispositifs installés dans la voiture ! On retrouve par exemple un appareil appelé cadenceur (que nous utilisons sur cette épreuve) et qui calcule le différentiel en secondes entre notre temps et le temps théorique fixé par l'organisateur. Pour résumer, il est capable de nous dire si nous sommes en avance ou en retard sur le temps que nous devons viser. Le pilote sait alors s'il doit ralentir ou accélérer pour se recaler sur l'objectif. 

Comme le montre les tables de calcul cela se joue au dixième de seconde !  



Des équipages européennes


Avec presque 34 voitures engagées, cette 5ème édition du Portugal Eco-Rallye Oeiras demeure un événement phare du calendrier du championnat. La variété des équipages est à noter et rend la discipline bon enfant avec une très bonne ambiance tout du long ! J’ai décidé de mettre à l’honneur deux équipages en particulier montrant la diversité du championnat et de son intérêt aux quatre coins de l’Europe !


  • Ana Faria & Rita Nepomuceno - l’équipage féminin #21


Pourquoi avoir fait le choix de l’éco-rallye ? 

"My parents participated in the very first edition of the Eco-rally Portugal, as part of the UVE team (the association of EV users in Portugal). After listening to their experience, I thought it would be a fun thing to try out. I have always driven electric cars and was involved in the association UVE so it made sense to be in a competition which promotes electric mobility."

Quelles sont vos motivations ?

"For me, participating in eco rallies is always a fun experience, and a way to escape my usual routine. Plus, I’m a naturally competitive person so, even though I’m not so good at it (yet!) I want to improve! Lastly, I think the social component of the rally is great - I get to meet a lot of new people, learn and share experiences with them."



 


  • Antoine Dechamps & Bernard Heine - l’équipage Belge #21


  Pourquoi avoir fait le choix de l’éco-rallye ?

"Je suis un ancien pilote de rallye mais mon métier de conseiller en énergie et financier m'a fait ouvrir les yeux sur l'importance de la transition énergétique et climatique. L'Eco-Rallye est une excellente épreuve de démonstration que la voiture électrique est une partie de la solution vers un meilleur avenir !" 

Par où avez-vous débuté en éco-rallye ? 

"Après une première approche l'année dernière au volant d'une Renault Zoé, ma participation au E-Rallye Monte-Carlo m'a donné l'envie de prendre part à l'intégralité de la saison 2022 [NDLR : du championnat FIA Eco-Rallye Cup] avec la création de l'équipage Volkswagen Belgium."


 

 


Dimanche, face à la mer

Nous terminons notre aventure le dimanche avec une courte demi-journée. Equivalent d’une « power stage » en rallye, notre « Street Stage » d'Oieras est à parcourir à deux reprises à des vitesses différentes et possède deux zones techniques (un demi-tour et une bretelle d’accélération).

Cette fois l'épreuve est sur route fermée et nous pouvons profiter pleinement du paysage de bord de mer sous le regard curieux des passants. 



Nous terminons à la 15ème place de l’étape du jour, avec de nombreux souvenirs à notre actif et surtout heureux d’avoir terminé cette expérience incroyable ! Nous tenons particulièrement à remercier l'ensemble de l'organisation ainsi que Renault Portugal sans qui ce rallye n'aurait pas été possible. 


 


Pour conclure

Depuis le début de Mininches, j’ai toujours eu à cœur de faire partager ma passion des miniatures mais rarement celle de l'automobile et j’ai espoir que ce genre de contenu réussisse à vous montrer d’autres points d'intérêt. Rendez-vous au Monte-Carlo du 26 ou 30 octobre pour la suite de nos aventures en Eco-Rallye.




Le podium de l'Oeiras Ecorally 2022 !

Par Emilien Le Borgne
Credit Photo Bernardo Lúcio