L'épopée Majorette : La Jaguar Type E-V12 de Majorette

 Si la ligne de cette mythique Jaguar est bien connue depuis 1961, année de sa présentation au salon Automobile de Genève, ce n’est qu’en 1972 que celle-ci rejoint la gamme Majorette dans l’épopée de la série 200... 






C’est probablement l’abandon du moteur six cylindres en ligne remplacé par un fantastique moteur V12 qui caractérise cette automobile, qui donna au constructeur de miniatures Lyonnaises l’envie de produire en masse pour les petits garçons celle qui faisait déjà rêver les grands. 

La présence de la grille de radiateur surdimensionnée rappelle aussi qu’il s’agit là d’une version de la phase trois de ce coupé d’exception 2+2. Il y a fort à parier que les équipes des dessinateurs Majorette ont puisé une grande partie de leur inspiration en se rendant au salon de Genève tout proche de l’usine en 1971 tant la présentation de nouveaux modèles chez Majorette en 1972 fut étoffée.



Genèse de la miniature

En ce début des années 70 plusieurs mois sont nécessaires pour l’élaboration d’un modèle où tous les croquis se font à la main. Le modèle est retenu en 1971, le moule sera finalisé et prêt pour la production dès mars 1972. Comme il est d’usage chez Majorette, de nombreux détails sont apportés à la miniature, toutefois nous noterons au premier coup d’œil, la grâce et la finesse de la carrosserie. En nous intéressant un peu plus au modèle ensuite, nous noterons tous les détails qui permettront de distinguer quatre phases de la production autour desquelles des détails modificatifs subtils qu’il nous sera possible de dater les modèles :

  • Phase I de mars 72 à juin 72 Châssis bleuté 3 points - sans référence modèle / roues fines à enjoliveurs – Essieux corde à piano
  • Phase II septembre 72 à juin 73 Châssis bleuté 3 points - avec référence modèle 207 / roues fines à enjoliveurs – Essieux corde à piano
  • Phase III de juillet 73 à début 76 Châssis bleuté avec crochet d’arrimage moteur et suppression des points de rivetage / roues fines new
  • Phase IV de début 76 à fin 78 Châssis laitonné avec crochet d’arrimage moteur / roues fines

Majorette retient l’échelle au 1/60eme comme échelle officielle pour cette Jaguar V12 et son numéro est le 207.




La décomposition du véhicule est la suivante :

  • Carrosserie de type coupé 2+2, deux portes en zamac avec capot moteur avant serti qui existe en deux variantes, flanquée très souvent d’une décalcomanie de jaguar en couleur sur le capot
  • Vitrage vert ou ambré qui comporte le parebrise et les glaces de latérales avant et arrière.
  • Un intérieur en plastique de couleur crème reproduisant l’intérieur, avec des sièges larges fidèlement reproduits avec tableau de bord et volant conducteur à gauche
  • Châssis brut bleuté ou laitonné qui existe en deux versions – La présence de picots qui retiennent une paire de roues à l’aide d’une tige en U en acier qui permet au véhicule de bénéficier de la suspension. Le modèle dispose d’une plaque d’immatriculation gravée du numéro 17 TU 75 à l’arrière au-dessus d’une sortie de quatre échappements.  Il est gravé Majorette en lettres bâtons, la marque modèle figure dans un cartouche, référence modèle (absente sur les premiers mois de production) et bien sûr la mention Made in France

Le type de roues que l’on rencontre sur le modèle sont principalement de quatre types : Enjoliveurs étoile - Monobloc fines en plastique noir New 5 branches, 3 branches et nucléaire. 

C’est un modèle qui a connu quelques transformations et nous allons maintenant les évoquer de manière plus détaillée


Phase I et début de production (Mars 1972- juin 72)

Les premiers mois de production caractérisent cette Jaguar par son châssis bleuté doté de roues fines à enjoliveurs sans référence modèle (207) et trois points de sertissage. Le modèle présente au niveau de la carrosserie trois points de sertissage également. Notons d’ailleurs le moteur de type V très bien détaillé. Le capot moteur est moulé à part puis serti à la carrosserie pour que l’ensemble soit peint assemblé. 



Le modèle était ensuite suspendu à une balancelle par le trou de la lunette arrière et le capot moteur bien souvent entrouvert permettait à un peu de peinture de bien épouser les entrées et les zones de contact avec le châssis La production est faite au gré des teintes livrées en poudre dans une nouvelle unité de peinture électrostatique à disques. Cette technologie permet une production en masse avec un temps de peinture réduit (environ 1h50) C’est cette période qui est très appréciée des collectionneurs pour ses couleurs acidulées le rose, le jaune, le bleu turquoise, les teintes cuivrées. Les premiers boitages cristal sont pourvu d’une pastille autocollante blanche ronde dotée du numéro modèle. Pour son lancement Majorette édite même des boites en carton rose avec douze modèles assortis aux couleurs très attirantes avec la mention NOUVEAU

Phase II de juin 72 à juin 73 Châssis 207

Aux environs du mois de juin 72, avec l’arrivée des références 208 jusqu’à 211 le châssis est modifié pour comporter à présent la référence oubliée sur les premiers modèles. Celle-ci est gravée à la hauteur de l’essieu avant. Les autres caractéristiques du modèle ne sont pas modifiées.  Le châssis reste brut, les roues sont conservées en l’état. Les boitages cristal sont pourvu d’une bandelette autocollante noir sur fond doré dotée du numéro et nom modèle


Phase III de juillet 73 à début 76 Châssis bleuté avec un point de sertissage / roues mono bloc

Avec l’abandon en cours d’année 1973 des roues à enjoliveurs, c’est le moment de revoir en profondeur le modèle, ainsi pour économiser du temps d’assemblage, seul le point de sertissage arrière est conservé. La coque et le châssis sont modifiés en conséquence, la marque des points de rivets est cependant visible sur le châssis toujours bleuté, et celui-ci est modifié à l’avant avec l’adjonction d’une tige qui vient s’enchâsser dans la carrosserie. Le compartiment moteur est aménagé avec un trou juste devant le radiateur afin que la tige ajoutée sur le châssis s’emboîte parfaitement. 

Pour évoquer les roues enfin, celles-ci sont de type monobloc les essieux sont plus robustes. Les dessins que l’on retrouve sont le style new cinq branches, nucléaires pour les premières productions sur ces modèles modifiés. Coté teintes, les couleurs vernies font leur apparition mais les teintes opaques ne sont pas en reste La palette de couleurs des modèles est très large et il est impossible de dresser un inventaire exact des nuances de modèles produits. 


 Phase IV de début 76 à fin 78 Châssis laitonné / roues monobloc

A partir de début 1976 l’aspect des châssis change et l’aspect devient laitonné vernis. Ce traitement de la matière rend le Zamak mois fragile à la corrosion, la finition est également plus régulière et ce type d’usinage perdurera sur les modèles de la marque jusqu’en fin 1982. Les roues fines sont conservées et l’on pourra observer trois dessins différents, étoile-new, nucléaire et trois branches. La teinte retenue pour les catalogues de 1976 à 1978 est le cuivre vernis ou le rouge (1978), la décoration avec le Jaguar est toujours présente. 

Toutefois notons que trois principales couleurs seront produites sur cette période de production : Le bleu vernis, le cuivre vernis et bien sûr, le rouge.  En ce qui concerne les décalcomanies, celles-ci sont très présentes en 1976 et tendront à disparaitre sur les derniers mois de production. L’intérêt pour utiliser la miniature comme support publicitaire commence à émerger, ainsi en 1978 un partenariat avec la firme ITT aboutit à l’élaboration d’un modèle rouge cuivre sans décal sur le capot mais avec le logo ITT floqué sur le toit. La fabrication du modèle s’arrête en décembre 1978 et ne figure pas dans le catalogue 1979.


Ainsi, il est probable que beaucoup n’avaient pas remarqué certains détails du modèle au fil de sa production, pour clore cet article et l’évocation de ce sympathique modèle Made in France, ajoutons que certaines teintes sont très recherchées, le rose, l’orange fluo ou le fuchsia vernis par exemple La côte générale reste accessible pour des modèles 1975/1978 en revanche les modèles produits entre 1972 et 1974 neufs et encore dans leur boite d’origine peuvent s’envoler à des prix indécents. Ce modèle reste l’un des pivots de la grande époque des modèles Majorette des années 70.

Note de l’auteur : Rendez-vous le mois prochain et encore merci de votre soutien en cette période très compliquée. Retrouvez ma collection en images sur Instagram :  @majocollector et n’oubliez pas non plus de vous abonner et de suivre la page officielle de Majorette France @majorettefrance puisque c’est votre serviteur qui assure les stories, et maintenant le Feed Instagram depuis peu 😊

Marc D.